Editorial Courrier des Retraités N°75
Regarder la situation en face
Le nouveau Premier ministre qui vient d’être nommé pourra-t-il réconcilier les Français avec l’économie ? Le succès n’est pas assuré d’avance car les problèmes sont, dit-il, himalayens.
Lorsque notre trésorerie personnelle chancelle, nous prenons tous la décision de freiner nos impulsions de dépenses et nous arbitrons de manière raisonnée entre l’essentiel et le "superflu". Malheureusement cette méthode que nous appliquons implacablement à nos comptes ne s’applique aucunement aux dépenses publiques. Le constat est navrant et alarmant devant l’écart que nous avons constaté jusqu’à présent entre les mesures raisonnables à prendre, et tant les propositions du gouvernement que les contrepropositions des députés et sénateurs.
Comme anesthésiés par le recours à la dette publique à laquelle il est systématiquement fait appel depuis 50 ans, les Français ne voient pas de motifs pour changer et les responsables politiques se bornent trop souvent à appliquer des rustines qui calment la colère de certains, mais ne résolvent rien sur le fond.
Le projet de budget 2025 ayant succombé à la chute du gouvernement Barnier, un projet de loi d’urgence a été voté pour permettre à l’Etat de prélever les impôts et prendre des mesures exceptionnelles comme autoriser le recours à l’emprunt. Mais ce n’est qu’un expédient et le gouvernement Bayrou a maintenant devant lui la charge de préparer dans l’urgence un véritable Budget 2025.
François Bayrou, triple candidat à l’élection présidentielle, a largement eu le temps de réfléchir à ce qu’il serait nécessaire de faire et s’est engagé à parler vrai en s’efforçant de réconcilier les Français et de donner à tous les mêmes chances, comme Henri IV sut le faire au terme des profondes divisions que la France connaissait alors. Voilà qui augure bien du futur.
Ce budget 2025, nous n’en connaissons rien. Il résultera des propositions du gouvernement et de l’action des parlementaires. Il ne pourra pas ignorer le déficit ni la dette. Il ne pourra pas ignorer que notre pays est sous le regard attentif des agences de notation et de celui de Bruxelles qui reproche notre déficit excessif. Il risque donc d’être difficile.
Les retraités dans ce contexte
Les retraités sont d’abord des citoyens. Ils connaissent leurs difficultés et celles du pays dont ils savent qu’il ne pourra continuer indéfiniment de tirer des traites sur les générations qui suivent. Ils seront attentifs aux actions qui seront prises et sont conscients qu’elles risquent d’être douloureuses.
Sans enthousiasme ils pourront les comprendre et peut- être les accepter, à la condition qu’elles aient une portée générale et ne soient pas, de façon discriminatoire, dirigées contre eux.
Pour notre part, dans cette revue, notre rôle sera d’identifier les conséquences que ces mesures auront pour eux. Nous veillerons en particulier à ce que le maintien du pouvoir d’achat des retraites soit assuré dans son principe et que la situation des plus fragiles, pour cause de pauvreté, de maladie, de handicap ou de perte d’autonomie, soient correctement prise en compte.
Au-delà du budget 2025, nous continuerons de défendre nos propositions d’une simplification de notre système de retraite à 42 régimes, des modalités de pension de réversion, du remboursement des frais de santé éclaté entre la Sécurité sociale et plusieurs centaines d’organismes divers.
Christian Bourreau - Pierre Conti
Editorial Courrier des Retraités N°75