AH , CETTE DETTE !!!
Ah, cette dette !!! Elle monte inexorablement. 3 000 Md€, plus d'un an de Produit Intérieur Brut (PIB. Jusqu'où montera-t-elle. Faut-il s'inquiéter ? Cela mérite d'être regardé sous trois angles différents : son origine, sa gestion et son impact sur la politique budgétaire
Origine de la dette
Elle résulte des déficits publics que la France accumule, année après année, depuis 50 ans. Pour éviter le déficit, les cousins YAKA et FOKON ont leur recette. Il suffit de baisser les dépenses dit l'un, mais les pouvoirs publics, soucieux de la prochaine élection, refusent d'identifier les secteurs qu'ils pourraient priver de la manne qui les fait vivre et dont ceux-ci dénoncent même l'insuffisance. L'autre recommande d'augmenter les recettes, mais les pouvoirs publics, confiants dans une reprise de la croissance,hantés par le souvenir des Gilets jaunes s'engagent régulièrement au contraire à refuser de recourir à l'impôt.
Il suffit donc d'emprunter. Le crédit de la France, protégée par l'Euro, reste bon et l'Agence France Trésor n'a pas difficulté à lever les emprunts qu'elle sollicite.Cette solution de facilité a toutes les chances de perdurer aussi longtemps que la note de la France n'aura pas été dégradée et que les taux d'intérêt resteront sous contrôle.
Gestion de la dette
Pour conserver la confiance des prêteurs, la France doit au minimum respecter deux contraintes :
Rembourser les emprunts arrivés à échéance
Comme le pays est un déficit, il n'a pas les moyens de les rembourser et il est donc conduit à augmenter ses demandes sur le marché. On appelle cela "faire rouler la dette". Sans incidence sur le montant de la dette, ceci se déroule régulièrement et, en 2024, avec le déficit de l'année, la France sera ainsi conduite à devoir emprunter quelque 300 Md€.
Payer les intérêts convenus sur l'ensemble des emprunts souscrits
C'est l'exigence minimum du prêteur et l'emprunteur doit s'exécuter s'il veut conserver l'espoir de trouver des prêteurs. Ces paiements constituent la charge de la dette. Acquittée chaque année, elle entre dans le budget où elle constituera en 2024 l'un des principaux postesavec 52,2 Md€.
La charge de la dette dans le budget
Là, un phénomène curieux se manifeste. Si les taux d'intérêt des nouveaux empruntssont inférieurs à ceux des emprunts qu'ils remplacent, le montant de la charge de la dettediminue. Nous avons connu cette situation quasi miraculeuse lorsque les taux étaient faibles, voire négatifs. Mais cette période est révolue et certains imaginent que la charge de la dette pourrait rapidement atteindre, voire dépasser 70 Md€. Le cauchemar budgétaire se renforce : comment faire face à cette dépense supplémentaire dans un budget déjà déficitaire alors qu'il faudrait en outre trouver des ressource pour financer les investissements requis pour le climat, la défense, les transitions énergétiques et industrielles, … ???
Conclusion
En Europe, affichant le 5ème déficit public et porteuse de la 3ème dette publique après l'Italie et la Grèce, la France est loin d'être en situation favorable, d'autant moins que de nombreux pays ont réussi à réduire, qui son déficit ou qui sa dette, voire les deux. Nos voisins laissent clairement entendre que la voix de la France serait plus crédible si elle savait mieux tenir ses comptes.
Deux agences de notation ont maintenu la note de la France, procurant ainsi un peu de répit, mais deux échéances nous attendent : le résultat des élections européennes et la décision de la troisième agence de notation à la fin du mois de mai.
Gageons que lorsqu'elles seront derrière nous, l'attention se portera sur l'élection présidentielle de 2027 et les programmes des candidats vont se multiplier.
Soyons attentifs, restons calmes et méditons le conseil donné par Jean de La Fontaine au corbeau de la fable.
Eugène Masson