ÉDITORIAL COURRIER DES RETRAITÉS • N° 70
Politique budgétaire, fin de la période magique
Après 40 ans de déficit budgétaire financé pat une dette dont le montant stratosphérique inquiète les plus optimistes et devant la demande de financer les investissements requis pour faire face au dérèglement climatique, les pouvoirs publics sont confrontés à une équation diabolique
Deux éléments de la période magique.
Pour financer le déficit de chaque année depuis des lustres, il a été fait appel à l’emprunt et chacun se rassurait en pensant que le remboursement n’interviendrait que dans 10 ans, c'est-à-dire après deux élections présidentielles, que cela concernerait d’autres équipes et que d’ici là la situation se serait améliorée.
Cette euphorie était renforcée par le fait que les taux d’intérêt sont longtemps restés faibles, voire négatifs, en sorte que leur charge sur le budget de l’année était faible.
Cerise sur le gâteau, la charge totale des intérêts diminuait car les nouveaux emprunts contractés pour remplacer ceux venus à échéance bénéficiaient de taux d’intérêt plus faibles. C’était donc une économie budgétaire. Waouh !
La fin du bal est arrivée
La musique s’est arrêtée, les instruments sont rangés et les danseurs s’apprêtent à quitter les salons pour chacun rentrer chez soi dans le carrosse qui l’attend.
C’est alors que Cendrillon, car vous l’avez reconnue, privée de ses magnifiques chaussures de vair, perdues dans le tourbillon du bal, découvre que le carrosse attendu s’est transformé en une vulgaire citrouille.
Heureusement pour elle, le prince charmant la retrouvera grâce aux fameuses chaussures, la sortira de la situation désastreuse où elle vivait et l’entraînera dans une nouvelle vie pleine de joies et d’enfants.
Le monde de Charles Perrault n’est pas le nôtre
La hausse des taux d’intérêt qui visait à freiner l’activité et calmer l’inflation n’a pas atteint son objectif concernant l’inflation et il est douteux qu’ils baissent rapidement. La charge de la dette va continuer d’augmenter et son montant dépasser 50 Md€ : plus de cerise sur le gâteau.
Les temps heureux des "Whatever it takes" (Mario Dragui) ou "Quoi qu’il en coûte" (Emmanuel Macron) sont révolus. Une montagne de dettes ne monte pas jusqu’au ciel. Les agences de notation veillent.
Une équation diabolique
Avant de diminuer le volume de la dette, il conviendrait d’abord d’en interrompre la progression ou au minimum la limiter, ce qui veut dire diminuer le déficit, à défaut de le supprimer. Comme les pouvoirs publics affirment qu’il n’est pas question d’augmenter les impôts et comme le recours à la dette devient plus coûteux et dangereux, il faut se résoudre à faire des économies.
Le temps approche où il faudra établir le budget 2024 et il est vraisemblable que nous verrons fleurir le "49-3" car il est douteux que le président obtienne le consensus auquel il aspire.
Les prétendants(es) à accompagner Marianne se préparent déjà, bien que la ligne de départ des prochaines présidentielles soit encore lointaine. Leurs programmes vont se préciser à mesure que les semaines passeront. Sera-t-il possible de concilier les promesses faites à certaines catégories, enseignants, soignants, fonctionnaires,… avec la détermination nécessaire pour freiner la dégradation climatique, juguler la hausse de l’énergie, obtenir enfin la baisse de l’inflation ?
Le monde va continuer
Des élections vont se dérouler. Elles sont toutes importantes et il appartiendra à chacun d’y participer dans le sens de ses propres convictions. Pour notre part, nous serons particulièrement attentifs à deux sujets :
Pouvoir d’achat des retraités : en finir avec son érosion régulière qu’ils n’ont aucun moyen de compenser par ailleurs et qui pèse plus lourdement sur les plus anciens et les plus modestes.
Accompagnement du grand âge : promise depuis longtemps, la loi est toujours attendue qui permettra de vivre ses dernières années dans des conditions dignes.
Christian Bourreau Pierre Conti