ÉDITORIAL COURRIER DES RETRAITÉS • N° 66
Ni panique, ni résignation
En d’autres temps, l’accumulation de maux ne pouvait être que la vengeance de dieux furieux de notre mauvaise conduite. Il fallait alors identifier des responsables, vite transformés en coupables, qu’il fallait extirper de la communauté et les envoyer dans le désert, les boucs émissaires. Pour faire bonne mesure, on organisait des processions pour demander que, selon les cas, la pluie vienne enfin ou arrête de tomber.
Aujourd’hui, il est vain d’attendre qu’une divinité nous déverse une Manne comme celle qui permit aux Hébreux, selon la Bible, de survivre pendant leur traversée du désert après leur sortie d’Egypte. Nous ne pouvons donc que compter sur nous, individuellement et collectivement.
Chacun dans leur domaine, les experts nous exposent ce qu’il conviendrait de faire.
Vaste Programme
Les économistes nous expliquent que pour combattre l’inflation qui fait valser les étiquettes et demeure notre préoccupation quotidienne, il faut augmenter les taux d’intérêt des banques centrales. Mais ceci freine le développement de l’économie, augmente le montant du service de la dette, peut annoncer une possible dépression avec une montée du chômage.
Les politiques, toujours à la veille d’une élection restent traumatisés par le souvenir des Gilets Jaunes. Faute de pouvoir supprimer les causes, car nous n’avons pas de substitut au pétrole, notre nucléaire est à la peine et notre hydraulique subit la faiblesse du débit des fleuves, ils s’efforcent de compenser les tarifs à la pompe, y investissant des ressources qu’ils n’ont pas et augmentant ainsi le recours à l’emprunt dont le remboursement sera à la charge de nos successeurs.
Les scientifiques, forts des travaux du GIEC et de l’observation des graves phénomènes climatiques qui s’accumulent, nous rappellent que nous devons réduire la consommation des énergies fossiles, gaz, charbon, pétrole, qui représentent 46 % du total des énergies primaires que nous consommons et qui sont l’une des causes du dérèglement climatique constaté depuis un siècle ou deux.Devant la complexité et les contradictions de ces programmes, nous sommes perplexes et nous attendons des Pouvoirs publics qu’ils indiquent clairement le tri qu’ils font entre ces impératifs et les mesures qu’ils mettront en place.
Soyons acteurs
Mais ces annonces, pour nécessaires qu’elles soient, ne seront efficaces que si elles sont comprises, c’est-à dire expliquées, non seulement dans leurs modalités, mais dans leur finalité. Car, ne nous y trompons pas, elles ne seront pas indolores.Et c’est alors à chacun, s’il ne veut pas attendre passivement tout en râlant quand même, de décider ce qu’il peut faire.
L’invitation à faire preuve de sobriété énergétique a des chances de rencontrer une certaine efficacité car elle est simple à mettre en œuvre et se traduit immédiatement sur une économie mesurable.Mais nous pouvons aussi agir pour d’autres motifs que la récompense financière. Nous connaissons autour de notre nous, dans notre entourage, dans notre village ou notre immeubles des personnes plus âgées, moins autonomes, moins aisées financièrement et qui vont connaître, comme nous, les conséquences des mesures qui seront appliquées et que leur situation rendra moins supportables. N’hésitons à faire preuve de solidarité.